Alors que de plus en plus d’étudiants font appel aux organismes bancaires pour financer leurs études, certains économistes et sociologues s’interrogent sur ce regain d’intérêt pour le crédit étudiant, lui qui était jusqu’alors associé aux dérives du système éducatif étasunien. Pourquoi les étudiants souscrivent-ils plus à des crédits étudiants qu’avant ? Dans quel cas est-il intéressant de contracter un crédit étudiant ? Découvrez quelques éléments de réponse dans cet article dédié à la question du prêt étudiant en France !
Le crédit étudiant : en quoi cela consiste ?
L’un des premiers points à définir avant de décortiquer le sujet est le suivant : qu’est-ce qu’un crédit étudiant exactement ? Et bien pour résumer, on peut dire que le crédit étudiant consiste en un prêt à la consommation délivré par une banque à un jeune adulte cherchant à financer ses études. Si la majorité des universités françaises propose des tarifs abordables aux étudiants français, reste que beaucoup d’entre eux doivent passer par des cursus privés afin d’accéder à certains secteurs professionnels. On peut citer les écoles d’ingénieur, les écoles de commerce, mais aussi les écoles d’art ou les écoles d’audiovisuels. Si certaines écoles privées, reconnues par l’État, proposent des bourses ou des cursus en alternance pour les plus méritants, reste qu’une large majorité de leurs étudiants doit contracter un crédit pour poursuivre des études.
Pourquoi les étudiants contractent-ils de plus de crédits étudiants ?
La question de la vision des études !
Cette tendance des crédits étudiants reflète un double problème en réalité. D’un côté, la vision selon laquelle les études en France sont gratuites devient de plus en plus erronée. En effet, de plus en plus d’étudiants ont du mal à s’insérer sur le marché de l’emploi et voient donc les écoles privées comme des portes d’entrée plus évidentes sur le marché professionnel. En effet, les écoles privées sont résolument tournées vers les formations professionnalisantes et elles conviennent parfaitement aux élèves cherchant à s’insérer rapidement au contraire des facultés françaises qui sont, elles, résolument tournées vers l’enseignement, la recherche et non pas la professionnalisation. C’est ici le premier des problèmes qui poussent les étudiants à contracter des crédits étudiants.
La question des frais de vie des étudiants !
Ensuite vient la question des frais de vie des étudiants. Car si le coût des études est à blâmer, on oublie souvent que les étudiants ont eux aussi des frais, et pas forcément de temps pour exercer un métier à côté de leurs études. Cela les pousse à emprunter pour payer leur loyer et manger correctement, eux qui souhaitent accéder à des études loin de leur famille. Si les collocations ou les résidences de type CROUS permettent aux étudiants d’accéder à des logements à loyer modéré, reste que les frais de vie peuvent être assez élevés, d’autant que la rémunération des stages est aujourd’hui plafonnée à moins de 600 euros net. Si l’on ajoute à cela que les contrats de professionnalisation ne sont pas acceptés par les entreprises partout en France (ils sont plus acceptés en région parisienne qu’en province), vous avez là les ingrédients qui expliquent une recrudescence du nombre de crédits étudiants contractés par les étudiants français ?
Pour combien de temps engage un crédit étudiant ?
L’une des questions qui reviennent le plus souvent dans le cadre des prêts étudiants est la suivante : pour combien de temps engage un crédit étudiant ? Car si un prêt à la consommation engage généralement pour une durée variable entre 6 mois et 5 ans, le prêt étudiant a ceci de particulier que les durées d’engagement sont bien plus longues. On assiste ainsi à des étudiants de 20 ans qui s’endettent sur des durées moyennes allant de 5 à 10 ans. Ce qui signifie qu’une partie d’entre eux cessera de rembourser leur prêt étudiant aux alentours de leurs 30 ans. Une situation plus saine qu’aux États-Unis où certains Américains remboursent leurs crédits jusqu’à leurs 50 ans, mais qui prend tout de même le même chemin… Ce qui peut être inquiétant !
Vers une crise économique due au crédit étudiant ?
Le système du crédit étudiant pourrait-il être responsable d’une crise économique et bancaire ? C’est ce que croient certains spécialistes du crédit en France et dans le monde. En effet, face à un chômage qui s’accroit et des difficultés accrues à entrer sur le marché de l’emploi en France, de nombreux économistes craignent de voir des problèmes et des retards dans le remboursement des dettes étudiantes. Face à ces retards, le risque est d’assister à une l’explosion d’une bulle spéculative sur les prêts étudiants, le même genre de crises auxquelles nous avons assisté à l’époque de la crise des subprimes. Certains spécialistes de la finance considèrent d’ailleurs que les banques devraient manifester plus de vigilance lors de l’attribution des prêts étudiants. Cependant cela suggère que les banques doivent s’intéresser aux statistiques des écoles, et notamment celle concernant la part des étudiants diplômés en CDI dans l’année suivant l’obtention du diplôme…
Enfin bref, vous l’aurez compris, le crédit étudiant a encore de beaux jours devant lui. Le système universitaire français n’étant pas axé sur l’insertion professionnelle, de plus en plus d’étudiants se tournent vers les écoles privées aux frais de scolarité exorbitants pour s’assurer un avenir sur le marché de l’emploi. Si l’université était réformée en profondeur pour plus d’emploi et si les frais de scolarités des écoles privées étaient mieux encadrés, alors, peut-être assisterions-nous à une régulation du système des crédits étudiants qui endiguerait alors une potentielle crise bancaire !